Comment le Mont-Saint-Michel est redevenu une île…

L’eau est pleine de ressources : elle peut même être au cœur de solutions ingénieuses lorsqu’il s’agit de sauvegarder un site historique grâce à la force du courant.

Merveille naturelle inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, le Mont-Saint-Michel est l’un des sites les plus visités d’Europe. Bretons et Normands se disputent les quelques 2,5 millions de personnes qui viennent l’admirer chaque année. Mais un péril le menaçait jusqu’à récemment : celui d’être bientôt complètement rattaché à la terre ferme et de perdre son statut d'îlot. La baie qui l’accueille a en effet une fâcheuse tendance à s’envaser sous l’amoncellement de milliers de mètres cubes de sédiments charriés par les marées, tout autour du Mont.
   


 

Eau douce et eau de mer

La solution ? Le Couesnon, une rivière côtière qui débouche sur la baie du Mont-Saint-Michel. Et surtout son barrage. Inauguré fin 2015, cet ingénieux ouvrage, exploité par Veolia, utilise la puissance combinée des courants d’eau douce et de mer,  pour repousser les sédiments.

Grâce à son système de vannes basculantes, il utilise simultanément le débit du fleuve et de l’eau de mer emprisonnée à marée haute afin de lâcher progressivement une immense quantité d’eau qui entraîne au large les sédiments. Si vous visitez le Mont-Saint-Michel, arrêtez-vous au barrage. L’ouvrage est remarquable, tout comme la vue sur le site par temps clair.
 
 
 

Désensablement, mode d’emploi

Étape 1 - On décante l’eau

Avant la pleine mer, les vannes du barrage se ferment. L’eau de mer bute sur le barrage et se débarrasse de ses sédiments. C’est la décantation.
 

Étape 2 - On fait le plein

Les vannes s’ouvrent pour laisser entrer l’eau de mer décantée dans le Couesnon grâce à un procédé dit de « sur-verse ».
 

Étape 3 - On retient l’eau

La mer redescend. Les vannes se ferment, retenant alors 70 000 à 1 700 000 m3 d’eau, en amont du barrage.
 

Étape 4 - On relâche l’eau

L’eau est progressivement relâchée. Cela peut durer de 30 minutes à 3 heures. Plus le lâcher est long, plus il est efficace pour transporter les sédiments et les repousser au large.