L’eau potable, une conquête historique

En France, l’eau potable est aujourd’hui accessible à tous, partout. On ouvre le robinet, elle coule, comme par magie ! On en oublierait presque qu’hier encore, la consommer à la maison n’allait pas de soi : après l’avoir puisée, il fallait la transporter jusque chez soi. Sans qu’elle soit toujours très propre à la consommation. Et sans qu’elle s’évacue une fois usagée. Flash back sur quelques grandes étapes qui ont mené à sa domestication.

Des premiers puits aux majestueux aqueducs

La quête de l’eau potable a longtemps été une source de préoccupation pour l’Homme. C’est en Mésopotamie, en - 6000 avant JC, que l’on trouve trace des premiers puits. Il faut cependant attendre l’Antiquité pour que l’eau commence à être apprivoisée : les Grecs sont les premiers à la stocker et à la transporter jusqu’aux habitations via des réseaux.

En inventant et en construisant les aqueducs, les Romains vont impulser un nouvel élan. Grâce à ces imposants ouvrages, l’eau est transportée sur de grandes distances par le simple effet de la gravité. A condition de trouver des sources situées sur un point plus élevé que la ville à alimenter. L’aqueduc le plus célèbre en France est celui de Nîmes. Il canalisa la Fontaine d'Eure (près d'Uzès) sur 50 km pour alimenter la ville en empruntant le célèbre Pont du Gard.

 

Le temps des porteurs d’eau et des fontaines publiques

Au Moyen-Âge, alors que les villes croissent, on s’approvisionne dans les puits et les rivières. La plupart du temps, les habitants doivent chercher l’eau à l’extérieur des villes, les plus fortunés recourent aux services des porteurs d’eau. Quant aux grands monastères et aux châteaux, ils la font venir en détournant des sources ou en réalisant des aqueducs. Comme les égouts n’existent pas, l’eau est souillée par les infiltrations dues aux ordures ménagères et les excréments animaux qui jonchent les rues. Les maladies se multiplient. Sous l’Ancien Régime, la distribution de l’eau par les fontaines publiques, accessibles à tous, se développe. Et en 1778, la Compagnie des Eaux de Paris est fondée. Elle ambitionne d’apporter l’eau à chaque habitation via des branchements sur l’eau de Seine. En vain, elle fera faillite : les porteurs d’eau, souvent Auvergnats, continuent à servir les mieux lotis des Parisiens, et les lavoirs rassemblent toujours les lavandières. Quelques années plus tard, Napoléon Bonaparte creuse le canal de l’Ourcq et installe des fontaines dans toutes les cours d’habitation de la capitale.

 

L’eau potable pour tous

C’est dans cette grande histoire que s’inscrit Veolia. Le 14 décembre 1853, l’empereur signe le décret officialisant la naissance de Compagnie Générale des Eaux, notre ancêtre. L’exode rural, l’urbanisation et l’industrialisation nécessitent d’apporter d’urgence l’eau potable à domicile dans les grandes villes pour lutter contre les maladies, pour améliorer le confort ou encore pour libérer du temps. C’est le début de grands travaux  : à Lyon, à Nantes, à Bordeaux, à Paris... L’eau potable se démocratise à grande échelle et des infrastructures dédiées se développent à grande échelle en France.

Mais il faut attendre la fin des années 1980 pour voir la quasi totalité des Français bénéficier de l’eau courante à domicile. L’assainissement se développe lui aussi progressivement : les stations d’épuration fleurissent et reflètent les premières prises de conscience environnementale dès le début des années 1960.

A partir de la fin du 20ème siècle, le réchauffement climatique conduisant de plus en plus fréquemment à des périodes de sécheresse, l’eau est considérée comme une ressource à préserver. Ce changement de contexte stimule la capacité d’innovation de Veolia. Pour de nouvelles technologies de pointe pour traquer les fuites dans les réseaux souterrains : à Lyon, plus de 6 000 capteurs sont ainsi disposés le long des canalisations pour détecter fuites et surconsommation éventuelles. Pour préserver la ressource en amont. Pour mieux retraiter et valoriser les eaux usées.

De leur côté, les usagers adoptent les bons gestes pour limiter leur consommation. L’histoire de l’eau continue…
 

Nous sommes les descendants des porteurs d'eau
 

 

Porteur d'eau

Le porteur d’eau “vient cent fois par jour à la fontaine publique où il a établi son quartier général, et part de là en décrivant tous les rayons possibles, pour aller ravitailler avec une scrupuleuse exactitude les fontaines privées du sixième étage comme celles du premier ; dans l'hôtel somptueux du pair de France aussi bien que dans l'humble mansarde du pauvre ouvrier. Il sait le matin combien de fois dans la journée ses seaux devront être remplis et vidés, combien il aura d'étages, de marches à monter et à descendre, et il combine ses heures, ses voyages, de manière à ce que toutes ses pratiques soient satisfaites. Vous ne seriez pas capable de dire aussi exactement que lui à quel moment il vous faudra de l'eau et de quelle quantité vous aurez besoin : c'est un détail dont il est tout à fait inutile que vous vous occupiez, et dont il fait son affaire avec une intelligence vraiment remarquable. Il connaît vos jours, et vient de lui-même sans qu'il soit nécessaire que vous l'appeliez : il va tout droit à votre cuisine, y entre comme dans son domaine, place et déplace à sa guise le meuble dont il s'est adjugé la surveillance spéciale, et sur lequel il n'a aucun compte à vous rendre tant qu'il ne désemplit pas.

Joseph Mainzer, extrait de : Le porteur d’eau, chapitre de Les Français peints par eux-mêmes. Encyclopédie morale du dix-neuvième siècle.